vendredi 5 décembre 2008

Déclaration des ressortissants du grand Kivu en Rdcongo résidants en Belgique

-Déclaration des peuples du Kivu en Belgique
-Historique des peuples du Kivu


I. Déclaration des peuples du Kivu en Belgique

Introduction

Depuis plus de dix ans, les ressortissants du Kivu ne cessent d’attirer l’attention du monde sur les intentions belliqueuses du Rwanda. Les responsables et Institutions internationales du monde entier ont été sensibilisés : les Nations Unies, la Communauté Européenne, les Etats-Unis d’Amérique, les organismes internationaux de défense des droits de l’Homme, les personnes de bonne volonté, l’Union africaine, etc.

La triste expérience de 1994 au Rwanda n’a servi apparemment pas à grand-chose ; alors que tous les signes d’un drame humain planaient au-dessus du Kivu, la Communauté Internationale n’a pas agi et n’agit toujours pas comme il se doit; Elle attend, comme elle a attendu avant qu’il n’y aie génocide au Rwanda, en 1994.

La preuve des massacres commis à l’Est du Congo par les troupes rwandaises à majorité composée de Tutsi.

Depuis 1996, les troupes Rwandaises procèdent à des massacres de grande envergure à l’Est de la RD Congo. Intervenant au Congo, à travers la prétendue rébellion de Kabila père, les troupes rwandaises avaient, à l’époque, procédé sans états d’âme au bombardement des camps des réfugiés hutu, et les avaient traqué à l’intérieur du Congo. Les réfugiés furent repoussés et massacrés dans les forêts profondes de la province orientale, loin du Rwanda (massacres imputés à l’époque à Laurent-Désiré Kabila qui avait couvert l’invasion du Congo, prétextant être une rébellion pour le départ de Mobutu) ; Après les massacres des réfugiés rwandais vint ceux des populations du Kivu opposées à l’occupation de leurs terres par des militaires rwandais ( Massacres de Kasika, Kilambo, Lukweti, Kanyabayonga, Kibachiro, Mwenga, femmes entéreées vivantes, ect.).

Etant donné l’absence de sanctions fermes, le Rwanda, poursuit aujourd’hui, son œuvre macabre non encore achevée. Aussi, après de multiples essais infructueux, en passant par toute une multitude de mouvement politico-militaire prétendument rébelles congolais, tel que le RCD à l’époque, le Rwanda a fini par produire Laurent Nkundabatware et son prétendu mouvement rebelle congolais le CNDP, qui sème la terreur et la désolation au Kivu.

Depuis 2002, des rapports dénoncent et accusent Laurent Nkundabatware. Des preuves suffisantes et irréfutables existent depuis sur les barbaries commises par cet homme, et sa milice :

· les cent personnes froidement exécutées, le 14 mai 2002 au pont de la Tshopo à Kisangani ;
· l’attaque de la ville de Bukavu en juin 2004 et les barbaries qui s’en sont suivies ;
· l’enrôlement des enfants-soldats ;
· les viols des milliers de femmes et de filles réduites à l’esclavage sexuel ;

Actuellement, deux ans après les élections en RD Congo, la guerre que mènent Laurent Nkundabatware et les siens, a jeté plus de 2.000.000 de paisibles citoyens congolais sur les routes, errant dans les brousses, affamés, démunis, victimes potentiels des viols, meurtres, enlèvements, maladies et épidémies diverses,…

L’argument de la persécution des minorités tutsi du Kivu

Laurent Nkundabatware et ses milices se targuant d’être les défenseurs d’une minorité tutsi du Congo qui serait persécutée par des congolais, nous, populations du Kivu, souhaitons éclaircir les choses, en démontrant que le Kivu a été une terre d’asile accueillante pour les communautés rwandophones (tutsi et hutu) et que ces peuples installés et immigrés au Kivu ont été acceptés, intégrés, certes parfois difficilement, mais bénéficient depuis longtemps des mêmes droits que tous les autres peuples du Congo. La misère et la souffrance qu’ils rencontreraient au Congo sont vécues de manière générale par le peuple congolais qui subit dans son ensemble, sans exception, les conséquences de la mauvaise gestion et l’incompétence de la classe politique dirigeante actuelle.

Le plan d’occupation et d’annexion du Kivu par le Rwanda

De part les faits historiques, il est établi que les peuples rwandophones, établis au Congo suite à la transplantation coloniale, ou suite à l’immigration causées par les multiples guerres et famines du Rwanda, que ces peuples ont été intégrés et acceptés, au départ par la force, mais par la suite les populations locales les ont tolérés dans un élan de solidarité africaine.

Et, progressivement, ils ont accédés, au même titre que les congolais à divers autres postes de responsabilité s tels que juges de paix, directeurs d’entreprises, fonctionnaires publics, etc.

Entre 1990 et 1994, une grande partie de jeunes tutsis établis au Congo retournent au Rwanda rejoindre la rébellion de Kagame, composés d’autres tutsis réfugiés en Ouganda et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Est.

Ils renverseront le régime hutu au Rwanda. Après cette victoire, la nouvelle armée rwandaise, majoritairement tutsi envahit le Kivu, prétextant être à la poursuite des hutus responsables du génocide rwandais, en fuite massivement au Kivu, et installés dans des camps de réfugiés le long des frontières avec le Rwanda.

Il s’en suivra les massacres des hutus dans les camps des réfugiés au Congo. Une fois les réfugiés hutu contrôlés, l’armée rwandaise reste au Kivu et procède par la suite à des massacres des peuples du Kivu farouchement opposés à l’occupation rwandaise. Le bilan est connu plus de 2.000.000 déplacés dans le Congo et de réfugiés congolais dans les pays voisins comme le Burundi, la Tanzanie, la Zambie et l’Ouganda. Le nombre de victimes quand à lui s’élève à plus de 5.000.000 de morts. Pour nous, il s’agit d’un génocide perpétré au Congo et qui doit être reconnu au niveau international.

Les populations du Kivu continuent à dénoncer ce plan dont la mise en place a commencé depuis des décennies, et Laurent Nkundabatware et ses milices sont aujourd’hui les acteurs rwandais chargés de réaliser cette œuvre macabre.

Aussi, Nous dénonçons :

1. La volonté du Rwanda de maintenir au Congo, loin de son territoire, les milices rwandaises hutues. Le Rwanda n’a jusqu’à ce jour présenté aucun programme concret envisageant de résoudre le problème des miliciens rwandais hutus réfugiés à l’Est du Congo, ni envisager leur retour au Rwanda.

2. L’installation par le Rwanda, au Congo, de Laurent Nkundabatware (officier rwandais du FPR, prêté à Laurent-Désiré Kabila lors de l’invasion du Congo) et des brigades armées venues du Rwanda.

Alors que les années précédentes, les Rwandais pour justifier leur présence militaire au Congo, présentaient les milices hutus rwandaises, réfugiés à l’Est du Congo, comme une menace directe pour la sécurité du Rwanda et comme une menace pouvant perpétrer un nouveau génocide au Rwanda; aujourd’hui, on les entend, à travers une campagne médiatique fortement reléguée en Occident, dire que le conflit, à l’Est du Congo, conflit à majorité rwandophone ne serait qu’un « Conflit congolo-congolais ». Que Laurent Nkundabatware ne serait qu’un congolais en rébellion contre le pouvoir de Kinshasa.
Pourtant le Rwanda ne manque pas d’imposer Laurent Nkundabatware au Congolais en suggérant de tenir compte de ses revendications et en menaçant d’intervenir au Congo, si Laurent Nkundabatware n’est pas écouté.
Cependant, force est de constater que Laurent Nkundabatware a, dans ses revendications précédentes, oublié ses déclarations premières (lutte contre les milices hutu menaçant Kigali) ; en se pourvoyant en défendeur des minorités tutsis du Kivu prétendument menacées. Il poursuit ses contradictions en transformant ses revendications dernières, réclamant maintenant le renversement du pouvoir actuel de Kinshasa.

Nous constatons également que les forces rwandaises au Congo, précédemment dénommées, AFDL, RCD, aujourd’hui CNDP, dans leurs occupations stratégiques successives, des zones économico-militaires ne délogent pas les milices rwandaises hutu, réfugiés à l’Est du Congo; Au contraire Laurent Nkundabatware et ses milices armées ne font que s’acharner violemment sur les paisibles populations du Kivu. Ses hommes sèment la terreur, violent les femmes, égorgent et fusillent des jeunes hommes qui ne sont pas tutsi (massacre de Kiwanja du 4 au 6 novembre 2008) ;

3. Les Nations Unies, se sentant coupables de n’avoir pas empêché le génocide au Rwanda de 1994, laissent faire Laurent Nkundabatware, et ses paires alors qu’ils devraient être poursuivis par un mandat d’arrêt international. Ceux-ci sont entrain de procéder progressivement à un véritable génocide ;

4. L’exploitation illégale et massive des minerais du Kivu qui sont exploités massivement et illégalement par les forces d’occupation ;

5. La gestion irresponsable des autorités congolaises autant politiques que militaires qui ne parviennent pas à assurer au minimum l’encadrement de milliers de militaires chargés d’assurer la sécurité de l’Est du Congo.

6. Les défaillances des autorités congolaises en matière de communication et d’information sur la situation de conflit à l’Est du Congo.

7. L’incapacité des autorités congolaises de gérer le drame humain qui se déroule à l’Est de la RD Congo.


Nos recommandations

De tout ce qui précède, vu les faux prétextes et les intentions macabres de ceux qui sèment la terreur à l’Est du Congo, vu le manque de détermination des Nations Unies, vu les failles manifestes des autorités congolaises, conscients de nos responsabilité s à l’égard de nos familles et de toute la nation congolaise, nous, populations congolaises du Kivu, recommandons :

1. Que tous les déplacés et refugiés congolais doivent réintégrer leurs habitations et villages d’origine; Il faut absolument mettre en place une force Internationale de protection des populations civiles.

2. Que les Nations Unies qui ont le devoir politique et moral de protéger les centaines de milliers de réfugiés et déplacés congolais, en particulier protéger les femmes souvent victimes de viols, agissent fermement et sanctionnent de façon exemplaire les auteurs des violences faites aux femmes, enfants et populations civiles.

3. Que les troupes du Rwanda, tutsi et hutu, retournent dans leurs pays d’origine sous la vérification d’une force internationale crédible qui mettra en place des mécanismes qui empêcheraient aux troupes rwandaises (et ougandaises ) d’intervenir directement ou indirectement au Congo.

4. Que soient sanctionner ceux qui procèdent au recrutement et à l'utilisation des enfants, soit comme soldats, porteurs ou encore esclaves sexuels.

5. Que soit accéléré par la CPI l’étude des dossiers de crime contre l’Humanité et des crimes de guerre, afin de mettre fin à l'impunité des auteurs de ces crimes abominables ; que Laurent Nkundabatware ainsi que d’autres chefs de guerre soient arrêtés et déférés à La Haye, pour tous les crimes commis sous leur commandement militaire et moral.

6. Empêcher l’exploitation illégale par le Rwanda et toutes les entreprises multinationales des richesses du sous-sol congolais ; Que les Nations Unies imposent une traçabilité de ces minerais, afin d’établir les responsabilité s et parvenir à sanctionner ceux qui en profitent.

7. Qu’une enquête internationale soit menée sur la MONUC (afin de redorer l’image de l’ONU) souvent complaisante, cible de multiples plaintes et soupçons de viols, de pédophilie, de trafic des matières premières, de trafic d’armes, etc.

8. Que l’Etat congolais se montre à la hauteur de ses responsabilité s : Le Congo doit se porter garant de la sécurité des personnes et de leurs biens ; les hommes politiques congolais doivent devenir des hommes d’Etat et non des hommes d’affaires ; L’Etat congolais doit sanctionner les mandataires publics responsables des détournements de fonds publics et d’actes de trahison; il doit respecter ses engagements salariaux de ses agents, ses militaires et il ne peut abandonner les réfugiés et déplacés congolais. Que l’Etat congolais procède à un changement en profondeur dans la direction et le commandement de l’ armée congolaise. Qu’une enquête transparente établisse les responsabilité s de ceux qui ont été en intelligence avec le Rwanda et ceux qui ont procédé au sabotage de l’armée congolaise.

9. Que les filles et fils du Kivu, membres des institutions nationales et provinciales, hauts officiers dans l’armée nationale, ne se laissent pas distraire par le pouvoir alors que leur province est mise à feu et à sang ; qu’ils prennent leurs responsabilité s et ne cautionnent pas l’occupation du Kivu ;

10. Que le peuple congolais, dans son ensemble, se lève et défende son honneur souillé. L’heure est à l’unité pour un Congo fort, libre et prospère. Les congolais ne peuvent pas oublier leurs compatriotes déplacés et réfugiés, qui sont dans la souffrance ; la population doit soutenir également ceux qui continuent à défendre la terre de nos ancêtres.

12. Que les populations d’origine rwandaise, vivant au Congo et éprises de paix, dénoncent Laurent Nkundabatware et le régime rwandais qui ne servent pas les intérêts des tutsis vivant et installés au Congo ; ils doivent savoir que Laurent Nkundabatware et ses milices rwandaises sont entrain de créer une haine des autres populations congolaises à l’égard des tutsis.


Fait à Bruxelles, le 30 novembre 2008

Les associations du Kivu, signataires :

Collectif des Associations du Kivu-Maniema
Firmin Bulambo ( bulambo.firmin@ pandora.be)
Mulisi Kayembe ( ccbasbl@skynet. be) et

Sima Kivu asbl
Elie Nkulwe ( nkulwe@yahoo. fr)

Kyaghanda belgium association (asbl Nande)
Samuel Sahika (kyaghanda_belgium@ yahoo.fr)

Mouvement Solidaire pour la Survie du Kivu – MSS-Kivu,
Mouvement Politique
Michel Moto Muhima (msskivu@yahoo. fr)

Bushenge Occident (asbl Hunde-Nyanga)

Luusu (asbl Rega)

Entraide Bondo (asbl Bembe)

Idezoka (asbl Shi)

Asodem (asbl Kusu)


II. Historique des peuples du Kivu

A. Situation géographique

Le Kivu, région située à l’Est de la RD Congo est composé de l’actuel province du Nord-Kivu (terrain actuel de la guerre menée par Laurent Nkundabatware et les siens), la province du Sud-Kivu et la province du Maniema. C’est une immense région montagneuse, vaste de 300.000 Km2, équivalent à cinq fois le Rwanda voisin. Sa population s’évalue à plus de 12 millions d’habitants.

Le Kivu est frontalier au Rwanda, Burundi, Ouganda et Tanzanie.

B. L’argument de la persécution des minorités tutsi du Kivu

Laurent Nkundabatware se targuant d’être le défenseur d’une minorité tutsi du Congo qui serait persécutée par des congolais, nous, populations du Kivu, souhaitons éclaircir les choses, en démontrant que le Kivu a été une terre d’asile accueillante pour les communautés rwandophones (tutsi et Hutu) et que ces peuples installés au Kivu ont été acceptés, intégrés et bénéficient depuis longtemps des mêmes droits que tous les autres peuples du Congo. La misère et la souffrance qu’ils rencontreraient au Congo sont vécues de manière générale par le peuple congolais qui subit dans son ensemble, sans exception, les conséquences de la mauvaise gestion et l’incompétence de la classe politique dirigeante actuelle.

C. Evolution historique des peuples du Kivu

Laurent Nkundabatware prétend à plusieurs reprises être descendant d’un chef coutumier congolais du Kivu. Nous pensons qu’il est de notre devoir d’éclairer l’opinion mondiale afin de mettre fin à un tel mensonge. C’est pourquoi nous apporterons certains éclaircissements sur les populations originaires du Kivu, ses royaumes et chefferies, et prouver que Laurent Nkundabatware ne peut être d’aucune ascendance de ces royaumes.
Sans lui refuser la nationalité congolaise qu’il peut ou ne pas avoir acquis (Voir les procédures d’acquisition de la nationalité au Congo), Laurent Nkundabatware ne doit pas inventer pas de fausses raisons d’ascendance, ni d’exclusion, pour justifier un conflit qu’il veut mener.

La présentation des peuples originaires du Kivu se subdivisent en peuples préhistoriques et peuples implantés par la colonisation

I. Les peuples préhistoriques : Les anciens royaumes du Kivu

Beaucoup pensent que le Kivu actuel était anciennement un avec le Rwanda avant l’arrivée des colonisateurs. D’autres croient également que cette importante et riche région, aurait été un simple domaine, simple chasse gardée de la colonisation et des rois du Rwanda. Cette ignorance a encouragé des auteurs à publier des ouvrages dans lesquels des erreurs figurent, notamment, sur des noms de tribus et des territoires n’existant sur aucune carte et qui n’ont jamais figuré dans aucun rapport officiel antérieur. L’erreur de ces auteurs et chercheurs est de considérer qu’une région non étudiée est une région inexistante. La preuve : Le lac Edouard n’a été découvert par les explorateurs qu’en 1889, et le lac Kivu n’a été découvert qu’en 1894.

Depuis des siècles, le Kivu comptait des royaumes bien organisés, gérés, gouvernés et solidement défendus. Ainsi, du Nord au Sud, on en trouvait 9:

1. Le Royaume confédéral des Bayira, appelés aujourd’hui Banande, habitant les Villes et cités actuelles de Butembo, Beni et Lubero ;
2. Le Royaume confédéral des Bahunde composé des trois royaumes du Bwito, du Bunyungu et du Kishali. Ce royaume correspondait à la région des actuels Territoires de Masisi, Rutshuru, Goma ainsi que les territoires qui allaient jusque Kisenyi, (actuellement Gisenyi au Rwanda), Nyondo, Ruhengeri, etc. formant la province du Bugoyi dans le Rwanda actuel ;
3. Le Royaume des Banyanga qui correspondait grosso modo à l’actuel Territoire de Walikale ;
4. Le Royaume du Buhavu qui correspondait aux actuels Territoires de Kalehe et de Idjwi ;
5. Le Royaume du Bushi-Kabare et bushi-Ngweshe (les bashi) qui correspondait aux actuels Territoires de Kabare, de Walungu et une partie de Mwenga (Ville de Bukavu, Kamituga). Ce royaume tient son actuelle grande force guerrière de la longue lutte qu’il mena, sans arrêt, au cours des siècles, d’abord contre les Bahunde, ensuite contre ses propres vassaux qui tentaient de faire sécession, et enfin contre le Rwanda ;
6. Le Royaume de l’Urega ou Lega qui correspondait aux actuels Territoires de Mwenga, Shabunda et Pangi. Ce royaume, ensemble avec les Babembe, est à l’origine de l’institution du « Bwami ». L’Urega va prêter ce terme à tous ses homologues des rives des lacs Kivu et nord-Tanganyika. Aujourd’hui la plupart des peuples de l’Est utilisent le titre de « Mwami » pour désigner leurs chefs traditionnels. Le royaume de l’Urega était le plus vaste de tous (près du tiers de tout le Kivu) et s’étendait jusqu’au Maniema. Inutile de dire qu’il était le plus craint des rois et guerriers d’outre-lac ;
7. Le Royaume des Babembe, le long des rives du lac Tanganyika ;
8. Le Royaume des Bavira, de la dynastie Kirunga, du nom de leur premier roi. Il s’agit des originaires des plaines du Sud du Maniema;
9. Le Royaume des Bafuliru ou Bafulero, riverains de la Rusizi (Territoire d’Uvira) et dont un des descendants résidait sur le plateau appelé « Mulenge ». Mulenge dont le nom sera, plus tard, foulé aux pieds par le colonisateur, puis récupéré en 1976 pour enfin être exploité abusivement par ceux qui se sont autoproclamés « Banyamulenge » à la grande surprise des Autochtones et des Ethnologues.

Les multiples guerres de résistance et le phénomène « Maï-Maï »

L’histoire de ces peuples est riche en guerre, car leurs terres étaient souvent convoitées par des envahisseurs. A titre illustratif; on retient la légendaire guerre d’usure que menèrent les Bashi du Roi Kabare contre le colonisateur belge, où l’on vit , en 1901, le « lieutenant Tondeur » subir une lourde défaite; Il en fut de même de Ngyiko, Prince Hunde de Masisi, qui harcela durant 17 ans, les envahisseurs Belges et ceux du roi du Rwanda. Plus au Sud, les Babembe , avec leur Chef Kaponora, avait une armée de redoutables guerriers qui ont beaucoup fait parler d’eux.

On peut dès lors, comprendre que cette région regorge actuellement de redoutables guerriers connus sous le nom de « Maï-Maï’ », car il s’agit d’un des berceaux naturels de la résistance congolaise aux invasions des envahisseurs.

Au stade actuel, on peut constater que des royaumes de l’époque, cités plus haut, il n’y a aucune trace d’un éventuel royaume rwandophone. On verra plus loin, au chapitre suivant, l’apparition de deux chefferies atypiques dirigées par des rwandophones, qui sont des véritables rwandais au départ.

II. Les peuples du Kivu sous la colonisation

1. Modification administrative des royaumes existants en chefferie
Le Pouvoir colonial, à son arrivée, modifia l’organisation administrative des structures existantes. Il mit en place des divisions administratives moins importantes, dans un premier temps, sur base de la configuration géographique et orographique, et par la suite, sur base des entités rencontrées sur place. Ceci juste par commodité administrative et non par respect de l’autorité locale.

Ainsi apparaitront de nouvelles désignations des territoires comme :
le Territoire du Buhunde devenu ensuite Territoire des Bahunde-Wanyanga ; celui des Bahavu ; ainsi que celui des Banyabungo (Bashi), etc.

La réduction des royaumes en chefferie (plus petits royaumes) répond à la volonté du colonisateur de réduire le pouvoir et l’autorité des monarques intransigeants du Kivu. Le Colonisateur réduisit leur statut en de simples Chefs de tribu soumis à l’autorité coloniale. Plusieurs rois furent ainsi relégués loin de leur territoire. A titre d’exemple, celui de Kabare avait été relégué à Léopoldville (Kinshasa), celui du Bwito à Bukavu, celui des Banyanga à Kalembelembe chez les Babembe et celui de Kishali à Beni.

2. Création des « chefferies atypiques »

Ils s’agit de chefferies créées par le Colonisteur en déplaçant des populations du Rwanda vers le Congo. Nous en citerons trois : La chefferie de Bwisha (Sud de Rutshuru), la chefferie de l’Enclave de Gishari ( Masisi) et la chefferie Hunde de Bukumu ( au Nord de Goma).

a) La chefferie de Bwisha (Sud-Rutshuru) : Cette chefferie a été la fusion des quatre anciennes entités locales : Jomba, Busanza, Gisigari et Rugari ; Ceci est même attesté par un auteur rwandophone : Mgr P. Kanyamachumbi, 1993, pp 37 et 117). Cet auteur reconnait également que « Avant et après le roi Kigeri IV Rwabugiri, les autres rois du Rwanda n’ont jamais administré cette terre et leur autorité ne s’y est jamais exercée». Le chef rwandophone est nommé, en 1922, par le Colonisateur après la relégation du chef hunde Bikamiro,

b) La chefferie de « l’Enclave de Gishari » au Masisi. Ces terres de 34.910 ha (350 Km2) ont été achetées de force aux chefs Bahunde par le Pouvoir colonial en 1939, pour y installer des immigrants rwandais fuyant la famine au Rwanda. Trois chefs se succéderont à la tête de cette entité. En aucun cas, il ne s’agira de chefs traditionnels : M. Leenaerts (1938), administrateur belge muté du Rwanda et arrivé dans cette entité en 1938 pour continuer à s’occuper des immigrés qu’il maîtrisait déjà depuis le Rwanda. En 1940, M. Leenaerts est remplacé par le Chef Bideri, venu du Rwanda, et Bideri sera lui-même remplacé, en 1941, par un autre chef rwandais, Buchanayandi. Cependant, en 1957, les Hunde récupèrent leur entité de Gishari et obtiennent sa réintégration dans la chefferie hunde de Kishali. Le « Gishari » entité créée par le Colonisateur belge n’aura donc duré que 17 ans.

c) la chefferie hunde de Bukumu, au-dessus de Goma. Il s’agit d’une chefferie typiquement hunde, mais à population très mélangée. Un chef traditionnel hunde voit la population de son entité devenir fortement mélangée avec une majorité de rwandophones ;


Le plan d’occupation et d’annexion du Kivu par le Rwanda

De part ces faits historiques, on constate que les populations rwandophones qui se trouvent au Kivu proviennent soit de la transplantation coloniale, soit de l’immigration causées par les multiples guerres et famines du Rwanda.

On constate que ces peuples ont été intégrés et acceptés, au départ par la force, mais par la suite les populations locales les ont tolérés dans un élan de solidarité africaine. Ils ont pu être hissés, par le colonisateur, à la tête de chefferies, comme indiqué plus haut. Les Tutsi, c’est vrai, ont eu moins de chance avec la chefferie de « Gishari », à la tête de laquelle ils n’avaient pas fait long feu.

Toutefois, progressivement ils ont accédés, au même titre que les congolais à divers autres postes de responsabilité s tels que juges de paix, directeurs d’entreprises, fonctionnaires publics, etc.

Ces mouvements des populations rwandophones vers le Kivu n’avaient jamais posé de problème de cohabitation avec les autres populations du Kivu, jusqu’ en 1959, avec l’arrivée massive des Réfugiés Tutsi, à la suite de la victoire des Hutu aux élections du Rwanda.

Installés, avec l’aide de l’ONU, dans cinq Camps de réfugiés (Bibwe et Ihula au Nord-Kivu, Katobo, Lemera et Mulenge au Sud-Kivu), ils vont immédiatement se livrer à des intrigues et se mêler de la politique du pays d’accueil. D’ailleurs, Les responsables du HCR, Croix Rouge et ONUC (Mission de l’Onu au Congo), en 1961, désapprouvent cette attitude des réfugiés tutsi. Leur document en annexe « AVIS AUX REFUGIES RWANDAIS » est sans équivoque là-dessus (x)

Ensuite, progressivement, la plupart de ces réfugiés tutsi quitteront clandestinement les camps et s’installeront dans les villages et villes du Kivu.

En 1964 les Tutsis procèdent à la revendication d’un « octroi automatique » de la nationalité congolaise ; ce qui engendrera un conflit sanglant, appelé Kanyarwanda, c'est-à-dire, l’émancipation par les armes des originaires du Rwanda, Tutsis et Hutus. Ce conflit prendra fin en 1965.

Les années de calme se succèderont. En 1976, les réfugiés tutsi se fabriquent l’ethnie des Banyamulenge, Mulenge étant un des territoires des Bafulero ayant accueilli des réfugiés tutsi fuyant le Rwanda, en 1964.

Le 20 juin 1981, d’autres rwandophones du Congo rédigent une pétition dénommée « Populations originaires du Rwanda au Zaïre » réclamant l’autodétermination du Kivu, adressée au Secrétaire général de l’ONU. C’est-à-dire sa sécession et son détachement de l’ensemble du Congo. Attitude qui n’aboutira pas, et qui sera très mal perçue par les congolais et la Communauté Internationale.

Entre 1990 et 1994, une grande partie de jeunes tutsis établis au Congo retournent au Rwanda rejoindre la rébellion de Kagame, composés d’autres tutsis réfugiés en Ouganda et dans d’autres pays de l’Afrique de l’Est.

Ils renverseront le régime hutu au Rwanda. Après cette victoire, la nouvelle armée rwandaise, majoritairement tutsi envahit le Kivu, prétextant être à la poursuite des hutus responsables du génocide rwandais, en fuite massivement au Kivu, et installés dans des camps de réfugiés le long des frontières avec le Rwanda.

Il s’en suivra les massacres des hutus dans les camps des réfugiés au Congo. Une fois les réfugiés hutu contrôlés, l’armée rwandaise reste au Kivu et procède par la suite à des massacres des peuples du Kivu farouchement opposés à l’occupation rwandaise. Le bilan est connu plus de 1.800.000 déplacés dans le Congo et de réfugiés congolais dans les pays voisins comme le Burundi, la Tanzanie, la Zambie et l’Ouganda. Le nombre de victimes quand à lui s’élève à plus de 5.000.000 de morts. Pour nous, il s’agit d’un génocide perpétré au Congo et qui doit être reconnu au niveau international.

Les populations du Kivu continuent à dénoncer ce plan dont la mise en place a commencé depuis des décennies, et Laurent Nkundabatware et ses milices sont aujourd’hui les acteurs rwandais chargés de réaliser cette œuvre macabre.

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