dimanche 4 avril 2010

Qui protège les congolais ?

Personne ne s'émeut de par le monde et le gouvernement de Joseph Kabila encore moins,et pourtant 321 civils congolais dont au moins 80 enfants ont été massacrés entre le 14 et le 17 décembre 2009 dans la région de Makombo par l'Armée de résistance du Seigneur de Joseph Kony.Notez bien,c'est une rebellion ougandaise et oui,vous ne revez pas.

La LRA qui est un mouvement Ougandais se permet de telles atrocités sans rencontrer une petite résistance de la part de Joseph Kabila.Ainsi,il attaque régulièrement les populations en RDC, au Sud Soudan et en République Centrafricaine.Et lors de cette opération sanglante de la LRA, 250 autres personnes auraient été enlevées.

C'est du moins ce qu'affirme un rapport que vient de publier Human rights Watch. Selon cette ONG, les victimes ont d'abord été ligotées avant d'être tuées à coups de machettes ou d'avoir le crâne fracassé à coups de haches et de gourdins.Les Nations unies parlent, elles aussi, de massacres de grande ampleur.

Curieusement,ce sont les autorités congolaises qui minimisent l'ampleur de ce drame. Selon elles, seule une trentaine de personnes auraient trouvé la mort lors de cette terrifiante action de la LRA.Quel cynisme ? C'est quoi ce gouvernement irresponsable qui ne compatit meme pas aux malheurs de ses propres populations ?

Comment expliquer une telle divergence d'appréciation? La logique est simple.Reconnaître que des massacres de cette ampleur sont commis en RDC et en toute impunité par une rébellion venue de l'Ouganda démontrerait que les autorités de Kinshasa ne contrôlent pas leur territoire et leurs frontières.

Cela démontre aussi qu'elles sont incapables d'assurer la sécurité de leurs citoyens.
Qu'un tel massacre ne soit révélé que trois mois plus tard montre aussi que nous sommes sous-informés sur ce qui se passe en RDC.Et lorsque les opposants congolais, que nous sommes,dénoncent ce mutisme international et l'impunité qui va avec,on nous traite des xénophobes.

Dans de vastes zones de ce pays aucun journaliste n'est présent pour témoigner des atrocités commises.Les troupes ougandaises viennent de se déclarer prêtes à intervenir sur le territoire de la RDC pour y combattre la LRA. Dans le passé les Ougandais, tout comme les Rwandais ou les Zimbabwéens, sont intervenus maintes fois en territoire congolais.

L'objectif est simple pour Yoweri Kaguta Museveni et son associé aux crimes indescriptibles en Rdc Paul Kagame. C'est à dire laisser pourrir la situation en Rdc pour justifier leurs interventions et viols de la souverainneté de cette dernière.Et aussi,accomplir leurs objectifs de faire de cette zone devenue un no man's land leur prochain territoire.

Pourtant en décembre 2008 et janvier 2009,les armées ougandaises puis rwandaises ont été officiellement en Rdc.Elles ne se sont pas contentées d'y faire la chasse aux rebelles.Elles ont aussi exploité les ressources minières du pays à leur profit et sans contrepartie aucune.

Si les autorités de Kinshasa refusent de reconnaître l'ampleur du massacre, c'est aussi parce qu'elles viennent de réclamer le départ des troupes des casques bleus, la MONUC.Joseph Kabila souhaite qu'elles quittent le territoire avant juillet 2011, date de la prochaine présidentielle.

Or les troupes des Nations unies devraient logiquement etre les plus à même d'empêcher les massacres de grande ampleur.Mais que fait la MONUC? A la demande de Joseph Kabila, la MONUC a déjà accepté de se désengager dans le Sud et l'Ouest de la RDC,un pays dont la superficie est quatre fois supérieure à celle de la France et 80 fois celle de la Belgique.

Mais, si la MONUC devait quitter l'est et le nord, qui assurerait la protection des Congolais? Lors de la dernière décennie, les conflits armés ont fait plus de 6 millions de morts en RDC. D'autre part, l'est du Congo est l'une des régions du monde où les viols sont les plus fréquents.

Certes la MONUC n'est pas exempte de tout reproche.C'est le bras armé de la communauté internationale dans notre pays.Son action est coûteuse: 1,3 milliard de dollars par an. Les casques bleus n'ont pas toujours fait preuve de grand courage. Lorsque les partisans de Joseph Kabila et ceux de Jean Pierre Bemba s'affrontaient en 2007 à l'arme lourde dans les rues de Kinshasa, les casques bleus ne faisaient rien.

Ils restaient tranquillement dans leurs camps militaires.D'autre part, des casques bleus ont été impliqués dans des scandales divers et variés. Viols, ouverture de bordels avec des mineures, trafic d'armes avec des rebelles, échange d'armes et d'informations contre de l'or extrait des mines contrôlées par les rebelles.

La BBC a meme enquêté sur ces exactions et révélé l'ampleur des scandales.Mais pourtant rien à changer et la communauté internationale n'a trouvé rien à dire face à cette ignomnie. Lorsqu'il s'était rendu en RDC pour préparer son roman qui se déroule au Congo (Le chant de la mission, Ed du Seuil), John Le Carré avait interviewé des casques bleus.

A la question: "Qu'est ce qui se passe si ça commence à chauffer?", ils avaient répondu sans ambages: "On se casse!".Faut-il vraiment un dessin pour comprendre de l'inutilité de ces hommes qui coutent extremement chers à l'ONU ? Les casques bleus n'ont pas envie de mourir pour le Congo.Seuls les congolais doivent défendre leur patrie.

Mais au moins,ils obéissent à certaines règles. Et s'ils commettent des fautes, ils peuvent être soumis à des sanctions. Il en va rarement de même avec l'armée de Joseph Kabila. Le plus souvent, elle est bien plus perçue comme une source de danger que de protection.

Lorsque l'armée veut recruter des soldats, elle fait une rafle dans les quartiers populaires. Elle attrape les voyous et les envoie de force sur le front. Comme en plus, ils touchent rarement leur solde, ils se payent sur la bête. A savoir les populations civiles. Au lieu de combattre les rebelles, ils prennent la fuite.

Et ils tuent et violent des civils au passage» explique Basongo, enseignant dans l'est du Congo. Quant aux hauts gradés, ils restent bien souvent à Kinshasa, gèrent leurs business et rechignent à se rendre sur le front.Pour devenir général ou colonel au Congo, il n'est pas nécessaire d'avoir un passé militaire, il faut juste bien s'entendre avec le président.

Au Congo personne ne sait combien il y a des généraux, explique un officier de la MONUC. En juillet 2011, lors de la présidentielle, si les troupes de la MONUC plient bagage, la situation risque d'être explosive. Les deux principaux candidats à la présidentielle de 2006, Jean Pierre Bemba et Joseph Kabila ont fait la guerre en plein cœur de Kinshasa en mars 2007.

La résidence de Jean Pierre Bemba avait été bombardée à l'arme lourde par le camp présidentiel pendant une visite des ambassadeurs de France et des États-Unis.Depuis la situation du leader de l'opposition s'est aggravée: Jean Pierre Bemba est incarcéré à La Haye. Il devra répondre à partir de juillet 2010 devant le TPI des exactions commises par ses troupes, notamment en Centrafrique.

Joseph Kabila est lui toujours au pouvoir. Il souhaite non seulement se faire réélire en 2011. Mais aussi prolonger son bail le plus longtemps possible en tricotant la Constitution.C'est surement la goutte d'eau qui fera déborder le vase et avec son armée indisciplinée,c'est la certitude de troubles sérieux en Rdc.

Et sans les casques bleus sera-t-il possible d'organiser un scrutin crédible et d'éviter les violences? La réponse est négative.Déjà, le peuple ne veut plus attendre parler de Joseph Kabila qui n'a pas su capitaliser sur le credit que lui offrait les élections de 2006.

Aujourd'hui plus qu'hier, le peuple aspire à la démocratie,à la liberté,au développement et à la dignité.Tout ce que Joseph Kabila n'a pas su lui donner en 10 ans d'exercice de pouvoir.Personne ne sait protéger le peuple congolais.Alors ce dernier se tourne vers le discours de Mzée Laurent-désiré Kabila:"le peuple doit se prendre en charge et doit ramener la guerre d'où elle est venue".

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