vendredi 3 juillet 2009

Avec la Mort de « la Commission », Mohammar Kadhafi obtient une prémière victoire en la remplaçant par " l’Autorité africaine"

Un pas vers la création des « Etats-Unis d’Afrique », vient d’être franchi au terme de la 13è session du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine. Après des séances marathons et houleuses, marquées souvent par la forte pression du Colonel Kadhafi, président de la Jamahirya arabe et président en exercice de l’Union africaine, un compromis est intervenu à Syrte, sur la création d’une Autorité commune.

Il s’agit bien sûr de l’Autorité africaine qui remplace désormais la « Commission africaine », présidée jusque-là par le Gabonais Jean Ping. Cette innovation confère plus de pouvoir à l’Autorité africaine et le modèle est calqué sur celui de l’Union européenne qui dispose de la « Haute Autorité » en la personne Javier Solana.

Celui-ci dispose de pleins pouvoirs en matière diplomatique et sécuritaire et engage l’Union européenne dans les toutes les conférences internationales. Ce changement qui vient d’intervenir pourrait certainement soulager l’ancien président de la Commission africaine, le Malien Alpha Oumar Konare. En effet, peu avant son départ, il avait estimé que pour la crédibilité de l’Union et son efficacité, il fallait « renforcer » les pouvoirs du président de la Commission africaine, aujourd’hui « Autorité africaine ».

Les chefs d’Etat africains réunis à Syrte, en Libye, sont tombés d’accord vendredi pour renforcer les compétences de l’Autorité africaine, qui sera notamment chargée de coordonner la politique du continent en matière de défense et de diplomatie. Ils ont passé une nuit blanche mais ils ont bien travaillé.

Les chefs d’Etat et de gouvernement sont bien arrivés au Centre de conférences de Syrte à minuit. Une petite quinzaine seulement, le Sud-Africain Jacob Zuma, l’Ethiopien Meles Zenaoui, le Tchadien Idriss Deby, le Centrafricain François Bozizé étaient là. Et le Libyen Mouammar Kadhafi bien sûr. En revanche, l’Algérien Abdel Aziz Bouteflika, le Sénégalais Abdoulaye Wade et le Togolais Faure Gnassingbé étaient déjà repartis chez eux.

Des difficultés en perspective ? Certes, il y a lieu de saluer ce courage des chefs d’Etat africains de s’engager sur le sentier de l’innovation pour quitter celui de l’inertie. Mais le climat même des débats de Syrte laisse transparaître que l’Autorité africaine ait suffisamment de l’ autorité,( passez-nous la tautologie ) de la personnalité susceptible d’exercer une certaine influence auprès des chefs d’Etat.

Or, « un ministre » dont la candidature a été proposée par son chef de l’Etat aura-t-il de « l’autorité » sur ce même chef de l’Etat ? Apparemment non tant il vrai qu’il a une dette morale et politique envers lui. Or, Javier Solana et José Barrosso ont été premiers ministres de l’Espagne et du Portugal.

Cela compte au plan de la personnalité. Pour demeurer au sein de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré a été président de la République du Mali, référence qui lui a conféré une certaine stature. Devrait-on s’attendre à une modification des critères d’éligibilité de l’Autorité africaine après le mandat de Jean Ping ?

La question reste posée tant il est vrai que des difficultés pointent à l’ horizon et sont susceptibles de ne pas faciliter la tâche au Haut cadre de l’Union africaine
Pour preuve, pendant toute la semaine, la Libye a essayé d’imposer dans cette Autorité, la création d’un secrétariat à la Défense et d’un secrétariat aux Affaires étrangères.

Pour le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Ethiopie, c’est une atteinte à leur souveraineté donc un casus belli. Finalement, on est arrivé à un compromis. Dans la nouvelle Autorité, un secrétaire s’occupera entre autre de la défense commune c’est-à-dire des opérations multinationales comme l’Amissom, la mission de paix africaine en Somalie ; un autre aura en charge, la politique étrangère du continent c’est-à-dire par exemple, la défense des intérêts de l’Afrique dans les négociations internationales sur le commerce ou le climat.

Bref, chaque pays reste maître chez lui. Cette nuit de vendredi, personne n’a perdu la face. Et à 4 heures du matin, les chefs de délégations ont applaudi l’annonce de l’accord. A la sortie, les chefs d’Etat étaient fatigués mais soulagés. Mais le plus dur reste à faire car les dirigeants africains en géneral sont connus pour leurs capacités à ne pas respecter la loi. Espérons que cette " autorité" se chargera de tous les récidivistes.

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